Moment entre filles? (PV Amélie)

Le magasinage a toujours été une torture pour elle. Pourtant, elle est bien là, devant les magasins, une certaine irritation dans son regard. La musique lui donnait mal à la tête tant elle détestait, les gens autour d'elle la désespérait...et que dire de cette mode vulgaire et écœurante. Jeans taille basse qui lui donnait l'impression qu'elle allait perdre ses pantalons à tout moments, talons haut douloureux, chandail trop sexy, rien dans la mode féminine ne l'attirait. Il fallait dire qu'avec son style, certain se demandait si elle n'était pas un garçon. La mode masculine était un peu mieux, mais les chandail était toujours trop large d'épaule pour elle et cela l'énervait.

Pourtant, même si cet endroit l'énervait, elle n'avait pas le choix de rafraichir sa garde-robe de temps à autres, surtout si elle ne voulait pas montrer à tous qu'elle n'avait pas beaucoup d'argent en poche. Elle sorti rapidement son porte-feuille de sa poche et le regarda, se disant qu'elle devrait le changer en voyant à quel point il avait du vécu. Elle le rangea puis leva les yeux vers le magasin devant elle.

Pour un magasin de mode, s'en était un. Un coup d’œil rapide à l'intérieur lui montrait bien que rien ne l'intéressait. L'une des caissières lui lança un regard étrange, qui fut répondu aussi par un regard froid de sa part. La jeune femme tourna les talons et s'éloigna. Elle espérait seulement ne pas avoir l'air trop suspecte, elle en avait trop à cacher pour se faire avoir par un vulgaire policier de centre d'achat. Surtout depuis cet incident...Elle se donna un coup sur le front, chassant aussitôt cette pensée. Elle senti aussitôt des regards sur elle, la faisant sourire de nervosité. Elle cacha le bas de son visage de sa main, continuant son chemin jusqu'à un autre magasin. Elle voulait surtout des jeans et quelques chandails, même si les jeans aussi larges que ceux qu'elle portait devenaient de plus en plus rare et que les chandails moulaient trop ses formes pour qu'elle les aime.

Elle se dirigea donc vers la section masculine, se fichant bien des regards des filles. Son choix vestimentaire était le sien, et le sien uniquement. De plus, avec son look, il était évident qu'elle n'irait pas dans les vêtements de filles...Même si son esprit tentait de rester sur les vêtements devant elle, il vagabonda tout de même jusqu'aux évènements récents. Son choix avait été réfléchit, mais maintenant qu'elle y pensait, son passé risquait de reprendre surface, surtout qu'elle n'avait donné que sa parole, cela ne l'étonnerait pas que quelques curieux fouille dans son passé pour la tenir en laisse. Elle devait éviter cela et se détacher de tout ce qui pourrait la rendre vulnérable. Cette idée lui fit faire un mouvement involontaire qui fit tomber plusieurs vêtements sur le sol. Elle recula, surprise par cet incident et fonça sur quelqu'un. Elle tourna à peine la tête, s'excusant d'une voix basse.

(Ne t'en fait pas, je sais ce que c'est de perdre un super beau post dut à internet ^^)

La personne lui avait répondu, chose dont elle ne s'attendait pas. Aujourd'hui, les gens polis étaient de plus en plus rare. Elle s'était attendu à une insulte, pas à de l'aide, ce qui la déstabilisa. Elle secoua la tête, se penchant pour ramasser ce qui avait tomber.

-Non merci, ce n'est pas nécéssaire.

La femme se pencha tout de même ; sa réponse avait été un peu inutile. Kira soupira. Elle garda les vêtements qu'elle voulait garder avec elle et rangea le reste, la remerciant à voix basse. Le social n'était pas son truc. Surtout avec des gens gentils et soucieux, ce type de personnalité était si incompréhensible pour la jeune femme qu'elle préférait ne jamais comprendre. Aidez les autres sans raisons, sans les connaitre...Ne se rendait-elle donc pas compte qu'elle n'était pas ce genre de personne qui retournerait la faveur? Même si on l'aide, elle n'aidera pas sans y gagner quelque chose. C'était comme ça. Si cette fille s'attendait à plus, elle risquait d'être déçue, car simplement en regardant son visage, n'importe qui pouvait comprendre qu'elle n'était pas fréquentable. Elle avait cette position qui donnait l'impression qu'elle était toujours sur la défensive et cette lueur dans les yeux qui ne montrait que violence et agressivité. C'était un miracle qu'elle ne soit pas enfermée.

Kira était dans une impasse. Elle ne savait pas si elle devait s'éloigner et l'ignorer, ou la remercier plus convenablement. Partir maintenant serait une bonne idée, car elle avait tout ce dont elle avait besoin et ne tenait pas à rester à cet endroit où la mode est capitale, mais en même temps, elle n'était pas sans cœur et reconnaissait la gentillesse tout de même. Elle se tourna donc vers la femme, et alors qu'elle allait la remercier de nouveau avec un peu plus de sincérité, elle remarqua le corset qui avait prit, et à la taille, et comprit aussitôt que la femme l'avait prit pour elle. L'incrédulité marqua le visage de la jeune femme. Pourquoi aurait-elle besoin de ça? Séduction, bien sûr, mais quand même...Elle leva les yeux, se rendant compte de son impolitesse de juger les gens comme ça. Les remerciements ne sortirent pas de sa bouche, par contre...

La femme avait mal interprété son regard. Elle ne voulait pas du tout cela, c'était hors de question qu'elle porte quelque chose de féminin! Attirer l'attention, encore moins. Elle secoua frénétiquement la tête, indiquant clairement qu'elle n'était pas du tout intéressé à l'avoir.

-Gardez le, je n'en veux vraiment pas, c'est trop...

Sa phrase restant en suspend, se rendant compte que si cette femme l'avait, c'est qu'elle l'aimait. Déclarer que ce vêtement était trop dégradant pour son intégrité pouvait être un peu trop insultant. Elle était directe et sincère, mais pas au point de diminuer les autres simplement parce qu'ils n'aiment pas les mêmes choses qu'elle. Elle passa ses doigts dans sa franche, la replaçant correctement devant son oeil, un petit sourire nerveux sur les lèvres.

-C'est trop provocateur pour moi.

Elle ne mentait pas. Comment une fille qui cachait autant ses courbes, volontairement, pouvait même penser à mettre un corset? Elle lança un petit regard autour, analysant rapidement les alentours. Rien qui pouvait la compromettre, alors pourquoi était-elle nerveuse? Cette femme attirait moins l'attention qu'elle, même si elle était bien plus extraverti. Était-ce dut au fait qu'elle semblait être une femme généreuse et aimante? Ce genre de personne étaient toujours les victimes, toujours les premiers à se faire avoir. Ne se rendait-elle pas compte qu'elle avait assez de sang-froid pour tuer? Qu'elle pouvait l'attaquer, même si elle avait été gentille? Bien sûr, elle ne le fera pas, elle n'avait aucune raison pour le faire, mais le fait que cette femme ne semblait pas la juger à son look pouvait se retourner contre elle.

-Merci de l'aide.

Elle fit un petit hochement de tête, ponctuant son remerciement.

La jeune femme leva le sourcil, incrédule. Elle ne s'attendait pas à cela. Elle ne s'attendait pas à recevoir un compliment à propos de son intégrité, ni de recevoir un commentaire sur son style vestimentaire. C'était surtout le commentaire sur son look qui la marqua. Elle, avoir un style particulier?

-Qu'y a-t-il de particulier, mon style? Le fait qu'il est du genre masculin?

Elle n'était pas irritée, simplement surprise. Elle s'était toujours habillée ainsi, ne s'étant entouré que de gars lors de son enfance. C'était plus facile de disparaitre dans les rues ainsi lorsque la police leur courait après...C'était aussi plus facile de cacher son corps et d'être méconnaissable. C'était son but. Ses vêtements représentait la coquille qu'elle s'était formée pour tout garder en elle et garder le reste à l'extérieur. Le jugement des autres à son égard la dérangeait guère. Cette question n'était que rhétorique, elle savait déjà ce qu'avait son style. Elle était par contre curieuse de voir comment cette femme allait réagir à une telle question. La suite risquait d'être intéressante.

-Je pourrais dire la même chose de vous à propos du corset.

Elle pouvait sortir un énorme monologue concernant le corset, mais elle n'en avait simplement pas la motivation. Un corset...à moins de vouloir séduire quelqu'un ou d'être masochiste, il n'y avait pas beaucoup de raison pour vouloir un tel morceau de vêtement. Son utilité était assez minime. Pourtant, elle regardait la femme, elle avait une belle silhouette, un corset devait bien y aller, mais pourquoi en mettre un alors qu'elle pouvait charmer sans cette chose outrageuse? Ce n'était pas de ses affaires, mais elle se posait tout de même la question.

Elle n'allait par contre pas entrer dans ce sujet. La vie des autres l'intéressait seulement d'un côté : découvrir le plus en n'en sachant le moins possible. Tout ça grâce à l'analyse. Elle ne faisait que se pratiquer. C'était une façon plutôt froide de voir les relations avec les autres.

Elle était une petite vite parce que son cerveau lui permettait de comprendre et d'analyser plus rapidement, mais elle l'était aussi parce que c'était un bon moyen de défense contre des attaques verbales. Elle savait bien qu'elle n,avait pas été attaquer, mais c'était une habitude. La femme complimenta ensuite son style, parlant ensuite de l'école. L'école...un autre lieu de torture, m ais moins pire que les centre d'achat. Un endroit où les gens jugent, te compare à un idéal impossible venant de la télévision et des magazines. Le Cégep était bien moins pire que le secondaire et le primaire, mais elle attirait encore et toujours les regards, ce qui l'énervait au plus haut point. Elle ne s'habille pas comme ça pour avoir son style et attirer l'attention, elle s'habille comme ça parce qu'elle n'a jamais aimé les autres styles.

-Se faire parler de soi en mal n'est jamais agréable, même si cela peut rendre populaire. Les gens jugent ce qu'ils voient sans comprendre, ils n'ont pas le temps, dans leur vie effrénée, de prendre le temps de juger comme il faut les autres. Ils jugent selon leurs propres goûts et leur propres vies. J'ai mauvaise réputation, et pour ma part, j'aurais préféré passer dans l'ombre que d'avoir l'attention de tout le monde qui me croise.

Elle eut un petit sourire amusé. Pourquoi elle parlait de cela avec une inconnue, elle n'en savait rien. Peut-être qu'elle voulait ne pas avoir mauvaise réputation, mais en même temps, elle était toujours sur la défensive et toujours prête à mordre ceux qui étaient trop près ne l'aidait pas. Probablement que sa réputation serait pire si elle montrait ouvertement sa cicatrice cachée par sa franche. Une fille au regard froid, sur la défensive avec une cicatrice? Elle serait automatiquement étiquetée en tant de femme barbare qui se battait pour le plaisir. Le pire dans tout ça, c'était que c'était un peu vrai.

L'adolescente eut un dileme. Elle avait le choix d'aller sur un terrain neutre et de suivre son idée, ce qui respectait la sienne, et de continuer sur le chemin des gens qui jugent mal et pour rien. Faire comme si elle savait cela parce qu'elle était simplement ouverte d'esprit et qu'elle ne jugeait pas les autres. Elle avait aussi le choix d'aller vers un terrain plus dangereux et de déclarer qu'elle jugeait les gens, sans restriction, mais non pas pour rire d'eux, mais pour se former, dans sa tête, un lexique des gens-types avec des informations pour savoir comment les approcher sans risquer de se faire décrocher une remarque cinglante et de devoir user de sa violence acquise par une enfance difficile pour se faire respectée pour qui elle est. Elle pourrait aussi continuer en disant que si les gens décrochaient, ce n'était pas toujours parce qu'ils n'avaient pas la confiance qu'il fallait pour s'accepter et de confronter le jugement des autres, mais aussi parce que l'école brimait leur liberté d'expression en les obligeant à suivre un style particulier pour suivre le moule de la société.

Dans les deux cas, elle ne mentait pas, seulement dans un, elle évitait la question. Même si cette idée lui plaisait moins, elle ne pouvait pas laisser cette femme croire que le monde était beau et que sa vision du monde pourrait changer quoique se soit. Elle savait ce que c'était parce qu'elle avait vécu dans un monde où tout le monde juge tout le monde, même les gens de la rues, qui accepte seulement ceux qui savent se défendre et qui haïe le moule fabriquer par tous ces adultes et ces politiciens qui considèrent les gens comme elle comme des nuisibles.

-Juger n'est pas mal en soi, il faut simplement savoir faire la différence entre un jugement cherchant à se remonter en cherchant des défaut aux autres et un jugement cherchant à deviner la personnalité des autres sans y raccrocher un mal, comme un jeu de devinette. Malheureusement, ceux qui jugent les autres sans mettre tous ceux qui sont différent comme étant mal sont, selon moi, surtout ceux qui ont besoin de comprendre les autres sans les connaitre.

«Pour savoir qui est le riche sans scrupule et qui est le bon père de famille qui travaille dur, ainsi moins d'innocent sont victimes d'actes de violence...» pensa-t-elle.

(Tu n'aurais pas dut me dire que tu me gardais une surprise, maintenant je veux savoir ce qu'elle est *impatiente* T^T)

La question était anodine, elle aurait dut se douter qu'elle finirait par lui poser, c'était une évidence même lorsque deux personnes discutaient pendant un certain temps. Pourtant, cette question la surprit. Il était rare que ceux qui lui parlait et l'entendait être aussi encré dans ses idéologies et parler des choses comme si elle connaissait tout de la vie, tous ses trucs et toutes ses escroqueries. Ce n'était pas vrai, elle avait simplement vécu une vie que la majorité ne connaissait pas, une vie qui demandait une maturité rapide, car sinon la vie l'aurait avalée tout rond. Quelque chose dans le regard de la jeune femme montra qu'elle ne semblait pas enclin à se livrée facilement, surtout lorsque cela la touchait personnellement, même si ce n'était qu'un nom. Elle finit par répondre, après quelques instants de silence :

-Kira.

Elle ne prit même pas la peine de dire son nom de famille. Qu'est-ce qui lui disait qu'elle ne lisait pas les journaux? Qu'elle n'avait pas vu quelque part son nom de famille? Il n'était pas rare, non plus, mais un prénom seul faisait moins de dommage qu'un nom complet.

-Et vous?

Elle avait un regard froid, mais légèrement moins qu'au début de cette conversation.

Cette femme était trop joyeuse, cela la perturbait. Même si quelque chose lui disait qu'elle n'était pas aussi joyeuse qu'elle le montrait, cette façon d'être gentille avec tout le monde (ce n'était qu'une théorie, elle lui avait bien adressé la parole sans se soucier de son attitude) était plus difficile à faire face qu'une personne violente. Les personnes gentilles souffrent en silence et mentent à leur entourage pour ne pas blesser. Les personnes qui ne se soucient que d'eux-même blessent les autres pour se sentir mieux ou montre simplement qu'ils ne vont pas bien, sans pour autant accepter d'aide. Bien sûr, elle était dans la deuxième catégorie à une exception près, elle ne blessait pas pour le plaisir, c'était simplement contre ses morales...quoique, qui a des morales lorsque tuer n'est rien de mauvais?

Kira hocha simplement la tête à sa proposition. Bien sûr qu'un café sera le bienvenue, et elle avait bien hâte de sortir de ce magasin aux mauvaises valeurs, mais était-ce vraiment une bonne idée de passer du temps avec une personne qui finirait par s'intéresser à elle? C'était la dernière chose qu'elle voulait, mais en même temps, elle ne lui paraissait pas mauvaise, donc elle n,avait qu'à tracé une ligne claire sur ce qui était sujet à discussion ou non avec elle. Chacun à son sujet tabou, il ne suffisait que d'être claire dès le départ qu'un tel et tel sujet n'était simplement pas abordable si elle tenait à lui parler.

Elle se dirigea donc vers la caisse où elle paya les vêtements, polie, mais froide, envers la caissière. En fait, elle était froide avec tout le monde, cela ne sortait pas de l'ordinaire. Le sac à la main, replaçant son porte-feuille dans sa poche arrière, elle se retourna vers Amélie.

-Vous connaissez un bon café?

(Désolée pour le peu de contenu et le délai, j'ai eut plusieurs projets à terminer en soirée ces quelques temps...mes cours me vide de ma créativité ^^'')

La jeune femme hocha la tête. Elle connaissait ce café de nom, mais n'y était jamais aller. Ce n'était pas comme si elle avait eut une raison, auparavant, de s'y rendre. Elle ne se faisait pas d'amis, n'arrivant simplement pas à faire confiance aux autres facilement. Elle n'aimait pas sortir non plus, alors pourquoi se rendre dans un endroit public pour boire un café quand elle pouvait s'en faire un chez elle, sans problème?

-Je connais de vue.

Elle suivit la femme, se demandant si elle avait vraiment bien fait d'accepter cette invitation. Elle n'avait rien a perdre, ce n'était pas comme si elle avait la grande bouche, elle savait se retenir de parler de sujet qu'il fallait mieux garder sous le silence, n'aimant pas, de toute façon, parler de quoique ce soit qui se rapprochait trop d'elle. C'était plutôt que sortir comme ça pouvait attiré l'attention, et pour sa part, attirer l'attention était déjà mauvais. Quelqu'un de son allure qui ne répond à rien, qui est toujours sur la défensive, pouvait attisé la curiosité et faire chercher des gens des choses qu'ils ne devraient pas trouver. Elle était peut-être un peu trop paranoïaque, mais cela faisait trois ans qu'elle gardait un bas profil pour une raison très particulière, elle ne pouvait pas se permettre de tout foutre en l'air pour un café en compagnie de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas vraiment.

La jeune femme la suivit, les mains dans les poches, les yeux vers le sol. Elle regardait subtilement les passants, surtout ceux qui passait près d'elle, Elle n'était pas parano, elle était simplement curieuse et regarder les gens permettait souvent d'en apprendre plus que parler. Amélie, par exemple, était un peu trop joyeuse qu'elle ait acceptée pour ne pas avoir une raison autre que faire du social. Kira ne pensait pas qu'elle allait lui sauter à la gorge, mais cette femme gagnait quelque chose à l'inviter : probablement un moyen d'oublier quelque chose, vu le trop de joie qu'elle avait.

Elle lui demanda si elle voulait quelque chose. Oui, mais elle se le payera seule.

-Je vais me l'acheter après vous, je vais surveiller la table.

Elle prit place à la table et s'installa confortablement sur la chaise. Accepté une offre comme celle là n'était pas son genre, elle ne tenait pas à devoir quelque chose à quelqu'un. Même si cela lui faisait plaisir, qu'elle ne voulait rien en retour, Kira ne voulait pas s'y fier. Si elle ne peut pas s'offrir quelque chose, elle ne le prendra pas, point à la ligne.

La jeune femme attendit le retour de la femme pour se rendre à la caisse et se prendre quelque chose. Tout ce qu'elle commanda fut un moka. Elle n'avait pas vraiment faim, mais juste assez soif pour se gâter de son café préféré. Plus introvertie et silencieuse que celle qui l'accompagnait, elle ne fit que sourire à la caissière, en lui laissant tout de même un peu d'argent dans le petit pot à côté de sa caisse. N'étant jamais agressive ou méchante avec les vendeuses, elle considéra que lui laisser un peu d'argent lui ferait plus plaisir que de parler. Elle retourna s'asseoir à la table, tenant son café à deux main, comme si elle avait la chose la plus réconfortante qui soit en sa possession.

La femme lui demanda à quelle école elle allait.

-Cégep de Munatie.

Kira ne rajouta rien de plus. Le fait de rajouter des détails comme le fait qu'elle rattrapait ses cours du secondaire et qu'elle comptait lâcher l'école de nouveau n'était pas nécessaire à dire. Quel était l'intérêt de l'école pour une fille comme elle? Elle détestait cela, elle n'avait rien à apprendre dans un milieu qui ne pouvait l'aider à être quelqu'un, surtout avec les problèmes qu'elle avait accumulé. Son casier judiciaire la suivait comme un prédateur n'attendant que le bon moment pour tuer sa proie. Elle ne pouvait pas vivre une vie normale, surtout pas avec ses intentions de vengeance.

Son visage exprimait un certain renfermement, ce sujet n'était pas tabou, mais il était évident que le milieu scolaire ne la passionnait pas.

La jeune femme eut un petit sourire. Elle l'avait surprise, elle avait put le voir sur son visage. Pourquoi tout le monde mettait tant d'importance à l'école? Même si elle avait une capacité qui lui permettait de comprendre facilement ce qu'on lui montrait, cela ne rendait pas l'école plus intéressante, cela la rendait, au contraire, encore plus ennuyante. Elle n'aimait pas apprendre dans des livres et dans ses classes avec un prof ennuyeux à l'avant, elle aimait apprendre sur le terrain, à l'extérieur, avec des gens qui ont passé par le même chemin qu'elle et qui ne tente pas de te faire croire que la vie est belle.

-Je rattrape tous les cours que j'ai manqué en lâchant le secondaire. Je me remet à niveau...Pour ce qui se passera après, j'en sais rien. L'école ne m'intéresse pas, il n'y a rien qui puisse me faire aimer le fait d'être enfermé dans une classe.

Elle eut un petit rire moqueur avant de rajouter, légèrement amère :

-L'école n'apprend que ce qu'elle pense être utile, pas ce qui l'est réellement. Apprendre un métier n'est pas ce qu'il y a de plus important dans une vie.

«À ce que je sache, j'ai bien vécu sans mon secondaire toutes ces années.»

Elle savait que sa dernière remarque allait déstabiliser la femme. Quel adulte ayant réussit dans la vie pouvoir même penser une seconde que l'on pouvait vivre sans études? La vie était peut-être moins confortable, mais selon elle, elle était plus libre. Sa liberté ne s'arrête pas là où celle des autres commence, elle s'arrête là où ses valeurs lui disent d'arrêter. Ses valeurs étaient très différentes des autres, car ses valeurs lui disaient que tuer avec une raison valable était acceptable, que de vandaliser des maisons était tout à fait normal et que l'école n'avait aucune autre intention que de planter des valeurs contradictoire dans l'esprit mou de ceux qui ont vécu dans le confort et dans les bras sécurisant de leurs parents. Encore aujourd'hui, la vie est diriger par la loi du plus fort, il y a seulement différentes façons de l'être.

-Je veux dire que quiconque qui veut vraiment vivre n'a aucunement besoin de l'école pour vivre. Suivre le moule de la société n'a aucune autre utilité que de rassurer ceux qui n'ont pas le courage de voir la vie comme elle est.

Pour prouver son point, elle rajouta, d'un ton si détaché que cela la frappa elle-même :

-Si l'école était si nécessaire à notre survie, tous ceux qui n'y serait jamais aller serait mort en très peu de temps, alors que ce n'est pas du tout le cas. L'école n'est qu'un outil parmi tant d'autre pour vivre, et peu être facilement remplacer.